Responsive Environments
- Variété -
« There is obviously no point in proposing uses for which no demand exists. » (Bentley, 1985, p. 32)
Selon Bentley, la mixité d’usage est abordée au sens de la diversité de fonctions pouvant prendre place dans un environnement contenu. C’est la possibilité d’offrir le choix au piéton, avec des expériences et ambiances variées. Bien que de saupoudrer des usages différents aléatoirement sur la parcelle ne fonctionnera pas, ces derniers doivent s’entraider pour concentrer un flux dense de piéton pour leur survie mutuelle.
Mixité d'usage
L’établissement des futurs usages d’un site commence par une analyse de la demande. Dans le cas du campus universitaire à l’étude, la demande provient d’un constat sur les études à distance résultant en une baisse de fréquentation des instituts scolaires en plus d’une éducation trop académique et pas assez pratique. En accueillant des professionnels/firmes technologiques à proximité du campus sa vocation se transforme en district technologique, où étudiants, habitants, commerçants et professionnels se côtoieront.
Figure 63_Carte d'usages
Phase 1 | 0 à 5 ans
Phase 2 | 6 à 10 ans
Plan directeur complet
Phase 1 | 0 à 5 ans
Le Greater Curtin Master Plan propose un phasage du développement de leur mixité, comprenant l’enjeu de l’évolution de leur site, en créant la demande dans un premier temps en attirant les gens avec un système de transport structurant au coeur du projet. Dans les 4 phases, sur une période de 20 ans, on y retrouve à chaque fois une mixité d’usage: résidentiel, commercial, bureau et institutionnel. Selon leur analyse, 100% des résidents et travailleurs sont dans un rayon de cinq minutes / 400 mètres de marche d’un commerce de détail. Plus concrètement, le développement s’articule au départ en grappe avec les deux grandes stations de transport en commun, pour ensuite continuer avec une densification vers le centre et la périphérie dans les phases subséquentes. Au départ, sans cet axe de réseau structurant, la première phase s’apparente contre-intuitive avec un étalement (à l’échelle du site). Cependant, le plan directeur mise sur la stratégie de développer autour de ces deux arrêts de tram et bus générant l’attractivité du site. Selon nous, ce type de phase ne serait pas viable si une pièce, comme le passage du tram, était manquante.
L’un fait vivre l’autre.
Figure 64_Vue en plan du phasage
Attractivité et flux piéton
Pour attirer un éventail mixte de personne en d’en favoriser le chrono-urbanisme, ça prend plus que des bureaux et une institution scolaire. Le quartier innovant se veut un morceau de ville mixte et autonome, variable et appropriable dans le temps. Ces gens doivent se loger et avoir accès à des services de proximité, d’où la deuxième demande, le commerce de détail. Cependant, nous avons soulevé un questionnement face au degré d’intensité sur la rue principale (Main Street) dite élevé par les concepteurs.
À la lumière de la théorie de Bentley, un bon flux piétonnier dense sur un axe s’obtient à l’aide de deux aimants dans une distance d’au plus 240m. Cependant, dans le plan directeur du Greater Curtin, il n’y a pas de grand magasin planifié comme aimant aux abords des deux pôles de transport. La distance entre ces derniers s’élève à plus de 900 mètres. Beaucoup trop long pour conserver une intensité élevée sur toute cette longueur et réussir à faire vivre les petits commerces le long de l’axe. Avec une analyse plus étoffée, il est possible de déceler quelques éléments qui composent une séquence le long de l’axe, comme des croisements perpendiculaires à la rue principale avec des marqueurs importants au coin; central park, un grand hôtel, une galerie de pavillon éducatif et des stationnements étagés. Une stratégie qui propose des lieux de convergence et de destination pouvant diminuer la distance de l’artère principale et d’en faire vivre les commerces de second usage par le passage piétonnier. La distance de marche s’arrime avec le gabarit de Bentley pour soutenir cette intensité entre deux aimants. De plus des résidences de type appartement y sont implantées à plus ou moins 240 mètres de la station de tram pouvant agir comme attracteur.
Le stratagème est différent et possiblement plus faible que celui de la théorie, mais peut tout de même fonctionner.
Figure 65_Vue en plan de la rue principale "Main Street"
Relation entre les usages
Comme énoncé dans son manuel, la relation entre les usages est très importante et ce n’est pas tous les types qui peuvent cohabiter entre eux. Dans cet ordre d’idée, la forme urbaine, résultant en partie de la fonction, s’inscrit dans un tissu variable pour en varier les ambiances et les expériences. En effet, les unités morphologiques se répondent bien entre elles, sans incohérence marquée tant dans la hauteur du bâti (voir Analyse sur la lisibilité) que dans la juxtaposition de son usage avec les autres. Par contre, avec la présence de nombreux parcs et terrains sportifs, plusieurs ilots se retrouvent incomplets avec du bâti seulement au périmètre de ces aires vertes.
Selon Bentley, une arrière-cour ne peut donner sur un parc. Au péril de rendre le parc privé aux unités d’habitation où d’en générer une perte de l’intimité pour les habitations. L’auteur fait référence à des maisons unifamiliales dans une mise en situation similaire. Le Greater Curtain va en réponse à ce problème et prouve qu’il est possible d’instaurer des unités d’habitation avec une arrière-cour donnant sur un parc. L’accès au parc est conservé et bonifié avec des percés généreuse entre les bâtiments et offrent une cour privée servant de zone tampon entre le bâti et le parc. Cette stratégie permet de continuer l’unité morphologique le long de la rue. En plus de jouer un rôle d’encadrement de la rue, il est possible d’accroître la densité nette du site.
Figure 66_Schéma de viabilité entre les usages
Textes et Illustrations : Michael Comtois, Maxime Nadon-Roger et Étienne Vigneau