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- Lisibilité -
« [...],patterns of use may be grasped without much concern with form. » (Bentley, 1985, p.42)
Selon Bentley, l’encadrement des rues est primordial lorsqu’il y a trait à la lisibilité d’un tissu. De cette affirmation, deux objectifs sont à retenir. Premièrement, cela permet à chaque rue d’avoir un caractère fort permettant facilement aux usagers de les distinguer. Deuxièmement, l’importance d’une voie est imputable de sa mise en relation avec les chemins et routes adjacents.
Figure 67_Plan clé des quartiers
L'encadrement des rues
Grâce à leur proposition, les concepteurs avancent un argumentaire quant à la hiérarchisation des voies projetées dans le nouveau tissu. Cette catégorisation peut être questionnable par endroit lorsque les limites soutenues par le cadre bâti proposé sont mises en parallèle avec le gabarit idéal propre à sa typologie. La comparaison est, dans ce cas, la méthode choisie permettant d’analyser la lisibilité sous l’angle de la composition. Les concepteurs ont produit une carte illustrant chacun de ce qu’ils appellent des méga-îlots pour ensuite en faire des fiches illustrées servant de guide qualitatif de design. Le site entier a été subdivisé en trois quartiers (illustré sur la figure xxx) avec des intentions propres à chacun de ces secteurs. Notre analyse des gabarits et des encadrements de rues est faite dans le but pour critiquer la hiérarchisation au sein du système viaire qu’ils défendent.
Figure 68_Plan clé des zone d'analyse
Toutefois, cette voie ne possède pas un caractère de voie principale avec seulement son édifice résidentiel de 10 étages avec un rez-de-chaussée inactif. De plus, il est important de noter que la ligne de LRT est prévue sur celle-ci et par conséquent, la largeur carrossable doit être plus considérable. Cependant, cela n’excuse pas le fait que les marges de reculs sont très grandes et que les usages prévus à cet endroit répondent difficilement à une unité morphologique complétée par un grand parc. La hauteur des bâtiments donnant sur un parc doit convenir à une telle position relative. Sur le plan foncier, il est nécessaire d'augmenter considérablement le nombre d’unités sur une telle typologie de rue pour rentabiliser les services publics. Dans ce cas, un édifice de bureau d’un maximum de 6 étages ainsi qu’un stationnement incitatif sont insuffisants. Le comparatif fait avec l’entrée à l’Est est intéressant, car cette voie est définie comme une voie secondaire, mais est composée de bâtiments de plus grandes hauteurs avec des rez-de-chaussée actifs qui comportent un cadrage de la rue beaucoup plus susceptible de convenir ce genre de localité. Bref, la critique n’est pas faite sur le choix de faire de la voie à l’Est une rue principale et pour ainsi dire, l’entrée du quartier nord, mais il s’agit plutôt que contester le gabarit de celle-ci comparativement à celle à l’Ouest qui pourrait alors être vue comme un marqueur plus subtile dans le paysage. N’aura-t-il pas alors un problème de lisibilité dans ce secteur considérant que la hiérarchie des routes n’est pas analogue à leur composition?
Hiérarchisation des voies | Zone A
Les accès au quartier nord se font de deux façons, d’une part par le rond point existant consolidé ainsi que par une nouvelle intersection à l’ouest. Suite à notre analyse, la hiérarchisation du système viaire de ce secteur est critiquable. Lorsque l’on compare le caractère des deux voies, respectivement définies comme une voie principale à l’Ouest ainsi que comme une voie secondaire à l’Est, nous croyons que le gabarit des bâtiments relativement à la largeur des rues n’est pas adéquat. Selon Bentley, le choix de faire de la voie à l’Est, illustrée par une flèche orange foncé, la voie principale menant à la Main street est correct compte tenu son plus grand nombre de connexions aux tissus existants ainsi que par sa linéarité avec la Main street.
Figure 69_Plan et coupes détaillés de la zone A
Figure 70_Plan et coupes détaillés de la zone B
Hiérarchisation des voies | Zone B
La deuxième zone à l’étude dans le cadre de l’analyse sur l’encadrement des rues est située à l’intersection au nord du Central park et représente un noeud important et une relation essentielle à la perméabilité dans l’interface entre l’existant et le développement. Encore une fois, nous nous sommes questionnés quant à la viabilité de la hiérarchisation des voies effectuée par les concepteurs en mettant en comparaison une parcelle de la Main Street (Coupe BB) ainsi que la rue dite principale aux abords du centre sportif existant (Coupe CC). L’environnement bâti au niveau de la Main street offre un réel profil pouvant faire vivre un tel axe commercial et structurant grâce à son encadrement, la hauteur de ses bâtiments, ses façades actives et aussi par la place que prend le transport en commun dans la composition du système viaire avec ses voies dédiées et ses arrêts selon une typologie d’îlot centrale. En contrepartie, la rue adjacente au stade existant représente une volonté de mettre de l’avant l’axe vert ainsi que la stratégie des concepteurs au sujet de la gestion de l’eau. Cela dit, le gabarit du bâti n’est pas en adéquation direct avec le caractère d’une rue principale, comme mentionné dans les documents du plan directeur. Comme illustré sur les coupes à la figure xx, l’encadrement bâti sur la coupe CC n’est pas suffisant. La différence frappante d’approches entre les deux rues analysées permettra certes une différenciation évidente quant à leur détermination fonctionnelle, mais faisons-nous face à un trop grand écart de par leur position relative?
Hiérarchisation des voies | Zone C
La troisième zone nous permet de comparer trois types de voies au sein d’un même environnement et de remarquer à quel point les voies secondaires, tertiaires et cyclo-piétonnes sont bien arrimées dans l’espace. Il est intéressant de remarquer sur la figure XX la présence d’une voie tertiaire traversant un îlot pour offrir une perméabilité à l’échelle locale. De plus, la voie piétonne illustrée en mauve offre quant à elle, un lien entre la Main Street et le grand parc au coeur du quartier. Le gabarit de la rue dite secondaire par les concepteurs et illustrée en orange dans le plan représente un gabarit à l’échelle humaine ou la relation entre l’encadrement et la hauteur de bâti correspondent aux intentions d’en faire un chemin partagé. Le rapport entre la largeur de la rue (5,5m) ainsi que la largeur du cadre bâti (30m) représente bien les aspirations d’un secteur marchable. De plus, l’encadrement de la rue tertiaire piétonne (en jaune) est amoindri grâce à une séquence de bâtiments plus étroits provoquant un tissu plus ventilé et donc moins encadré composé d’édifices moins imposants. Voilà une qualité intéressante lorsqu’il est question de lisibilité. En somme, la hiérarchie et l’encadrement de ces trois voies sont clairement définis et permettent, selon nous, une plus grande lisibilité que dans les secteurs A et B analysés précédemment.
Figure 71_Plan et coupes détaillés de la zone C
Séquence de marqueurs de lisibilité
L’artère principale, le “Main Street”, est la rue traversant le site du nord au sud et où l’intensité est concentrée. Tel qu’évoqué plus haut, un axe aussi long (900 mètres) doit comprendre un langage différent pour soutenir une interaction aussi grande avec les usagers. Dans la suite logique, de bonifier les flux piétons sur toute sa longueur, la stratégie utilisée par les concepteurs du plan directeur semble être celle de créer un rythme et une séquence dans le cheminement du piéton. De la sorte, cela crée une succession d’évènement qui entrecoupe, à environ tous les 250 mètres, la linéarité de la voie en proposant une hiérarchie des espaces.
Figure 72_Coupe transversale "A" du site
Figure 73_Coupe transversale "B" du site
Figure 74_Coupe transversale "C" du site
Les marqueurs de lisibilité, tels les bâtiments architecturalement forts et symboliques dans leur forme évoquée par la théorie de Bentley, soutiennent cette séquence avec un nombre d’étages croissant en périphérie du site vers le centre. Ces bâtiments repères varient de douze étages en périphérie jusqu’à seize étages au centre, dans un tissu où la hauteur moyenne se situe à six étages.
Selon la théorie de Bentley, l’idée de repère spatial est abordée seulement sous l’aspect du bâtiment, mais le non bâti, espace public et noeud, peut également agir de la sorte. Par exemple, Central park intersecte le site d’est en ouest et est composé d’une grande plantation de pins restante des années 30 qui fut un élément très important pour les designers. Cette bande de verdure agit comme marqueur dans le tissu, au même titre que l’hôtel de 16 niveaux un peu plus loin. Cette plantation sert d’ancrage perceptible de la mémoire collective.
Tel qu’illustré plus haut, une incohérence se glisse quant au marquage de l’entrée nord du quartier avec un marqueur visuel bâti important situé sur une voie qualifier de secondaires, alors que sur la rue principale, aucun marqueur ne s’y démarque. Les deux tours d’habitation de treize étages, ainsi que tout le caractère commercial de cette rue, doivent se retrouver sur la “Main Street”.
Figure 75_Perspective donnant sur Central Park
Figure 76_Perspective donnant sur la "Main Street"
Textes et Illustrations : Michael Comtois, Maxime Nadon-Roger et Étienne Vigneau